10 Mois!
« Nous informons les passagers du vol Norwegian numéro DY1456 en partance pour Paris que notre avion décollera à 16h20. Nous espérons que votre escale norvégienne s’est bien passée et nous vous souhaitons un agréable retour en France ».
Oui, c’est comme cela qu’aurait pu se finir cette histoire, mon histoire de 10 mois passés ici en Norvège. Le 7 Août 2008 plus exactement, je bouclais mes valises, mettant fin à plusieurs semaines de préparation pour une expérience unique. Même si à l’époque je n’étais pas en mesure de déterminer à quel point cette aventure allait être extraordinaire je me doutais que j’allais vivre quelque chose que peu ont connu dans leur vie.
Après ces 302 jours passés au dessus du cercle polaire dans le dépaysement le plus total, il est tant de dresser le bilan de mon expérience. C’est à bord de l’avion qui me fait quitter le Nordland définitivement que j’ai décidé de réfléchir à ce que mes "10 mois d’Arrêt" en Norvège m’ont apportés. Une longue escale diront certains ou une expérience raisonnable diront d’autres comme Francky, Annette , Narinder… et j’en passe, qui eux restent ou sont restés deux ans dans cet endroit du monde très particulier, avant tout de part son environnement mais aussi de part les rencontres que nous pouvons y faire.
A mon arrivée à Bodo, il est vrai que j’ai eu peur. J’avais pourtant regardé longuement la carte avant de partir mais quand on est sur place les choses, les ressentis, sont différents, surtout quand on vous donne la clé de votre appartement en vous souhaitant bonne chance pour votre ANNEE ici! Les premiers jours ont été ce que les responsables internationaux appellent ici le « Culture shock ». Heureusement celui-ci n’a pas fait long feu et j’appréhende plus le retour à la réalité française pour tout vous dire.
Je réfléchi à comment résumer mon séjour ici, j’aimerai trouver un mot… Je pense que cette expérience il faut la vivre pour la comprendre.
En anthropologie on estime qu’il faut s’immerger dans une culture étrangère pour mieux comprendre la sienne. Je n’ai aucunement la prétention d’être anthropologue mais m’immerger, m’imprégner de cette culture, de ce pays, c’est ce que j’ai tenté de faire pendant tous ces mois passés ici. Mes travaux de recherche sur le modèle social norvégien et l'analyse de sa performance m'ont beaucoup aidés à vrai dire, puisque le modèle norvégien comme le modèle français puise avant tout ses particularités dans sa culture nationale.
Au cours de ces derniers mois, j’ai donc rencontré des norvégiens, étudiants ou non, qui m’ont fait découvrir leur beau pays, je pense même que je peux devenir moi-même guide du Nordland :D
Mais Erasmus, c’est aussi des étudiants du monde entier, tous m’ont marqué à leur manière. J’ai d’ailleurs envie de citer ceux avec lesquels je garderai contact après mon retour en France : Kotaro et Miki du Japon, Maria d’Espagne, Giulia d’Italie, Andréa et Lynette d’Allemagne, Yuan ou Francky pour les intimes, de chine, Michel de Russie, Mike des Etats-Unis, Amanda du Canada…
Et puis bien sur tous ces norvégiens que j’adore Solfrid, Nils, Ove, Lene, Aurora, Ragnhil, Per-arne, Oyvind, Merita…
Tous ont contribué à rendre mon expérience norvégienne unique, et j’espère avoir marqué chacun d'entre eux autant qu’ils m’ont marqué. Car c’est là le point fort d’un échange international, vous n’allez pas seulement suivre des cours dans une université, vous allez faire des rencontres, ouvrir votre esprit aux autres cultures et réfléchir sur la votre. En général, on a tendance à idéaliser sa culture et en parlant avec des étudiants étrangers qui ont un point de vue extérieur on se rend compte que ce dont nous sommes fiers n’est pas forcément bien vu dans les autres pays. Je passe outre toutes ces soirées à refaire le monde à propos du régime chinois, de la non appartenance de la Norvège à l’Union européenne …je passe aussi sur les taquineries des italiens qui jouent la comédie à tous les mots, des fêtards espagnols, des norvégiens froids comme des glaçons à la première rencontre, des allemands et leurs saucisses à toutes les sauces…
Cette expérience c’est LA VIE c’est tout.
Je sais que j’en ressors grandi et changé. Grandi de par toutes les choses que j’ai apprises dans ce beau pays, de la langue étrange que j’ai découverte, de la considérable amélioration de mon anglais (c’était mon principal objectif :-)), et changé, de par la vision que j’ai sur les choses. La façon, de voir la vie, de voir la difficulté de vivre loin de la personne avec laquelle on veut partager sa vie, de respecter les autres cultures et les autres points de vues…
Il est encore trop tôt pour voir à quel point cette expérience m’a transformé, mais je suis sur d’une chose si c’était à refaire je le referai sans aucune hésitation.
A l’heure qu’il est je suis partagé entre la tristesse de quitter cette nouvelle vie que je savais temporaire mais que j’ai vécue pleinement, et la joie de retrouver ma famille, la personne que j’aime… mon ancienne vie.
Si je suis français depuis ma naissance, une partie de moi, petite certe, mais une partie quand même, s’est abandonnée à la Norvège. Je sais dors et déjà que je reviendrai. Quand ? je ne sais pas, mais je sais qu'il me faudra du temps pour me dire que cette vie est finie, et alors, quand ce travail sera fait et que le besoin s’en fera ressentir, je prendrai l’avion pour venir retrouver ceux avec qui j’ai partagé presque un an de ma vie. Ils ne m’oublieront pas, ils me l’ont promis, et je ne les oublierai pas non plus.
Nils et Per-Arne m’ont déjà invité à les visiter l’année prochaine à Moscou puisqu’ils vont étudier là bas quelques temps. Miki nous a invité avec Maria à venir visiter le Japon, Lynette quand à elle nous propose des vacances ensoleillées en Ouganda, son pays de naissance…
Il est temps maintenant de dire « C’est FINI » de tourner la page, pour commencer un nouveau chapitre dans ce grand livre qu’est la vie, mais avant, je souhaite coller sur une dernière page toutes ces images qui me passent par la tête qui resterons gravées dans ma mémoire, et qui me donnent envie de dire à ceux qui pensent partir vivre à l’étranger dans le cadre de leurs études :
Foncez !
O O O